« Le développement de l’aquaculture porte déjà des fruits »
29/04/2019Travaux de la deuxième session du Comité de Pilotage du PRODEL
08/05/2019L’intensification de la vulgarisation de l’aquaculture, le renforcement des capacités des producteurs locaux, la modernisation des industries animales, s’inscrivent comme les actions-clés du ministère en charge de ce secteur névralgique.
Dans ses différentes adresses à la nation, le président de la République n’a eu de cesse de déplorer l’état de notre balance commerciale qu’il trouve « chroniquement déficitaire ». Dans sa profession de foi en vue de la présidentielle du 07 octobre 2018, Paul Biya s’est engagé à « promouvoir l’élevage et à assurer une organisation rationnelle de « l’économie bleue » à travers une meilleure maîtrise de la pêche et une exploitation appropriée des ressources halieutiques ». Et quand il prête serment « devant le peuple », le 06 novembre 2018, il engage son gouvernement à « développer les secteurs de notre économie qui pourront réduire sensiblement nos importations de biens et services ». Au ministère de l’Elevage, des Pêches et Industries animales (Minepia), qui doit implémenter «économie bleue », l’on on a déjà diagnostiqué le problème et on y travaille depuis un bon bout.
Vulgarisation de l’aquaculture
Pour satisfaire une demande élevée en produits halieutiques suite à une démographie galopante, le Cameroun débourse chaque année plus de 100 milliards de F pour importer le poisson.
C’est un peu trop pour un pays dont la balance commerciale est déjà plombée par l’importation d’autres produits alimentaires de première nécessité. Ces dernières années, on observe un léger-mieux dans la production locale de poissons. Selon les chiffres du Minepia, l’on est passé de 237,2 mille tonnes en 2016 à 181,7 mille tonnes en 2017. Représentant respectivement 166,8 milliards de F et 114,3 milliards de F. A l’observation, les actions du gouvernement à réduire les importations de ces ressources, à développer l’aquaculture et à diversifier les sources alimentaires (poulets et porcs) sont perceptibles. Mais on est encore loin des 400 000 tonnes requises pour satisfaire la demande nationale en poissons. Malgré cette tendance baissière des importations ces dernières années, le ministère entend intensifier ses efforts afin de couvrir les besoins de la demande nationale en ressources halieutiques produites localement. Cette préoccupation a été au centre du conseil de cabinet du mois de février dernier où le ministre en charge du secteur a déroulé les stratégies visant à booster la production locale à travers la relance de l’aquaculture. Pour le Dr Taïga, malgré certaines contraintes climatiques et écologiques, le Cameroun peut se nourrir du poisson péché ou élevé dans ses océans, lacs, fleuves et autres étendues. A condition que les investisseurs locaux s’intéressent à cette « économie bleue » et que l’Etat les y encourage. Mais pour que l’aquaculture arrive à mettre fin au « success story » des importations, il faut qu’elle soit véritablement vulgarisée à une large échelle. Le Minepia s’attèle ainsi à développer ce secteur en mettant l’accent sur les stratégies visant à rendre disponibles les intrants et à réorganiser les structures d’encadrement de pêche, notamment les stations aquacoles, les centres de pêche et les postes de contrôle de pêche. Il est également prévu la construction de points de débarquement aménagés comprenant des dispositifs de conservation et de commercialisation des produits de la pêche et l’installation des nationaux dans les zones de pêche.
Formation et renforcement des capacités des producteurs
La modernisation et la professionnalisation des activités de pêche sont au cœur des actions du ministère en charge de ce secteur. La création et la mise en fonctionnement du Limbe Nautical Arts and Fisheries Institute (Linafi) dont la mission principale est d’assurer la formation des cadres supérieurs dans le domaine des métiers et des arts nautiques est l’une des réalisations phares du gouvernement. Créé par décret du 12 août 2015, le Linafi forme des spécialistes dans les domaines de la pêche (exploitation initiale des unités de pêche, navigation maritime, pêche et armement des navires ), de la mécanique marine (exploitation des machines, conduite, maintenance des navires de pêche et des équipements nautiques et industriels ), de la technologie des pêches (techniques et engins de pêche, industries de pêche et contrôle qualité), de la gestion des pêches (administration et gestion des secteurs de la pêche) et de l’aquaculture (développement des techniques de reproduction et d’alimentation du poisson). Ouverte depuis 2016, l’école s’apprête déjà à mettre sur le terrain sa première cuvée. Dans le même temps, le Minepia a créé cinq centres de formation de jeunes pêcheurs à Bonamatoumbe (Littoral), à Debunscha (Sud-Ouest), à Maga (Extrême-Nord), à Londji (Sud) et à Bélabo (Est). Last but not the least, divers programmes et projets négociés par le gouvernement sont mis en place avec l’appui des partenaires techniques financiers pour renforcer les capacités des opérateurs du secteur de l’élevage, des pêches et des industries animales. Parmi ceux-ci, le Projet de Développement de l’Elevage (Prodel). Conçu sur la base des orientations de la stratégie gouvernementale de promotion de la croissance et de l’emploi, vise la modernisation et le soutien au développement de l’élevage. D’autres projets existent, notamment, le Projet de développement de la commercialisation de bétails et des Infrastructures d’élevage (Pd-Cobie).
Industrialisation de la filière viande bovine
Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d’urgence triennal (Planut) décidé par le chef de l’Etat, le Minepia a amorcé une industrialisation de la filière bovine à travers la construction des abattoirs et des entrepôts frigorifiques, l’acquisition des véhicules et camions frigorifiques pour le transport des produits carnés. Il s’agit en clair de moderniser l’appareil de production, d’industrialiser le secteur élevage, d’assurer la sécurité sanitaire des aliments et des denrées d’origine animale et donc, de participer à la croissance économique et la création d’emplois au Cameroun. Le Planut, volet Minepia, a porté sur six réalisations aujourd’hui entièrement achevées. A savoir : la construction, l’équipement, l’installation, la mise en marche d’une chaîne d’abattage industriel de 250 têtes par jour à Ngaoundéré (Wakwa), la construction, l’équipement, l’installation de quatre entrepôts frigorifiques de 1400 m3 à Ngaoundéré, de 3000 m3 à Kribi, de 6000 m3 à Yaoundé et de 1400 m3 à Ebolowa. Dans ce cadre-là, de nombreux jeunes cadres ont suivi une formation idoine pour la gestion de ces importantes infrastructures. Tout cela se complète par la fourniture de quatre véhicules et cinq camions frigorifiques. Ces abattoirs industriels et les entrepôts constituent à n’en point douter des outils de modernisation de l’élevage. L’objectif est de valoriser la chaîne des valeurs de la filière viande et de mettre à la disposition des consommateurs camerounais, des denrées alimentaires de très bonne qualité.