L’importance de la vaccination est à l’honneur pour la journée mondiale vétérinaire
27/04/2019Produire plus, réduire les importations
29/04/2019Les explications du Dr Taïga, ministre de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales.
Monsieur le ministre, dans sa profession de foi en vue de la présidentielle 2018 et dans son discours inaugural du septennat en cours, le président de la République, Paul Biya, s’est engagé à promouvoir l’élevage et à assurer une organisation rationnelle de « l’économie bleue », à travers une meilleure maitrise de la pêche et une exploitation appropriée de ressources halieutiques. Où en est-on avec la mise en œuvre de ces engagements présidentiels dans votre département ministériel ?
La compréhension que nous avons de la promotion de l’élevage et de « l’économie bleue » dans la profession de foi du chef de l’Etat est une interpellation de prise en compte optimale des opportunités qu’offre l’exploitation économique de l’élevage et des ressources halieutiques. Ces deux piliers productifs jouent un rôle primordial dans la sécurité alimentaire et le développement du Cameroun. Comme vous le savez, le Cameroun est une terre d’élevage et un territoire bien arrosé en cours et plans d’eau et dispose d’une façade maritime importante.
Le Gouvernement, dans cette vision du Chef de l’Etat, a donc entrepris un certain nombre d’initiatives pour soutenir le développement de l’élevage, de l’aquaculture et des industries animales. Parmi celles-ci, il y a l’accroissement et la diversification des financements des filières de l’élevage, de l’aquaculture et des industries Animales ; la promotion de l’aquaculture ; la professionnalisation et la formation aux métiers agropastoraux et le développement des chaines de valeurs des filières en élevage, aquaculture et industries animales.
Ces engagements présidentiels au Minepia sont en cours de mise en œuvre où s’exécute actuellement dans les dix régions l’un des plus importants projets de promotion de l’élevage, notamment le Projet de Développement de l’Elevage en abrégé Prodel. Ce projet vise la modernisation et le soutien au développement de l’Elevage. Conçu sur la base des orientations de la stratégie gouvernementale de promotion de la croissance et de l’emploi, Le Prodel entend apporter une réponse idoine aux spécificités du secteur élevage. D’autres projets existent notamment le Projet de Développement de la Commercialisation de Bétails et des Infrastructures d’Elevage (Pd-Cobie) en cours de démarrage et éventuellement du Projet de Développement des chaînes de Valeurs de l’Elevage et de la Pisciculture (Pd-cvep) dont la formulation est achevée.
Pour les ressources halieutiques, la promotion de l’exploitation durable des plans d’eau, océans, des mers, des lacs et des rivières peut générer des revenus. S’agissant des données, on peut retenir que le poisson consommé au Cameroun provient des pêches de capture, de l’aquaculture et des importations. La production en 2016 et 2017 était respectivement de 289 mille tonnes et 291 mille tonnes. En volume de prises, la répartition pour l’année 2017, était d’environ 9,9 mille tonnes pour la pêche industrielle (3,4%) ; 25,2 mille tonnes pour la pêche continentale (8,6%) et 256 mille tonnes pour la pêche artisanale maritime (87,9%). L’offre actuelle en poissons se situe entre 450 et 500 mille tonnes. Il y a un gap de l’ordre de 230 mille tonnes, comblées en partie par les importations.
Je termine par dire que ces engagements présidentiels doivent se traduire par un intérêt croissant du secteur privé qui a un rôle important de premier plan à jouer dans la création des moyennes et grandes exploitations en élevage, en production aquacole ou tout au long de la chaîne des valeurs.
Quelles actions concrètes entrevoyez-vous d’ici la fin de l’année 2019 ?
Concrètement, dans le domaine de l’élevage, les actions déjà entreprises ou programmées vont induire d’une part, l’amélioration de l’accès des producteurs aux services de santé animale, au matériel génétique amélioré et à d’autres intrants de qualité et fourniture des services d’élevage. Il s’agira donc de vacciner gratuitement l’ensemble du cheptel de petits ruminants (moutons et chèvres) contre la peste des petits ruminants; de faciliter l’installation d’une vingtaine de vétérinaire (docteur vétérinaire) en clientèle privée dans les bassins de productions; d’autre part, l’amélioration de la productivité des systèmes de production pastorale, l’accès au marché et à la résilience des communautés pastorales pour accroître la contribution des zones pastorales à l’offre nationale en viande tout en améliorant les systèmes de productions animales pour les communautés pauvres et affectées par les conflits. Et enfin, le financement subventionné et l’ appui au développement des chaînes de valeurs des projets productifs pour la création des exploitations d’élevage, des établissements de service relativement aux filières de l’élevage de volaille, bovin, porc, apiculture etc…La finalisation des projets inscrits au Plan d’Urgence triennal pour l’accélération de la Croissance, 2ème phase, notamment de valorisation de la crevette camerounaise et d’amélioration génétique se poursuivra en vue de leur exécution dans les meilleurs délais.
S’agissant de l’exploitation durable des ressources halieutiques, le gouvernement veillera à la maîtrise et la gestion durable de la pêche de capture, notamment, avec au niveau institutionnel, des actions effectives comme , le renforcement de la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (Pêche INN) et dans ce cadre-là, le ministère de la Défense, à travers la Marine nationale, apporte au Minepia un appui important dans cette lutte, le contrôle de l’application du repos biologique et des plans de gestion des pêcheries pour une gestion durable des ressources ; l’adoption de la loi régissant le régime des pêches, plus adaptée aux exigences d’une pêche responsable ;l’élaboration d’un plan national de développement de la pêche et de l’aquaculture, pour valoriser les plans d’eau existants ; la révision et mise en œuvre du plan de gestion des pêcheries crevettières ; la mise en place d’un dispositif de collecte de données fiables de la production de poisson et crevettes.
La promotion tous azimuts de l’aquaculture par l’accompagnement à l’installation des jeunes.
Je rappelle qu’en 2019, trois milliards de FCFA ont été transférés aux communes dans le cadre des ressources transférées aux communes, 3 milliards en 2019, en matière de promotion des productions animales et piscicole
S’agissant particulièrement du poisson, les importations de cette ressource restent importantes et continuent à aggraver le déficit de notre balance commerciale. Quelle stratégie à court et à moyen terme pour inverser la tendance ?
S’agissant des importations de poisson, en 2016 et 2017, elles étaient respectivement de 237,2 mille tonnes et 181,7 mille tonnes. En termes de valeurs, cela représente pour cette période, 166,8 milliards FCFA en 2016 et 114,3 milliards FCFA en 2017, soit une variation de moins 52,5 milliards F CFA. Cela signifie clairement que les actions gouvernementales en faveur du développement de l’aquaculture et de la diversification des sources alimentaires (poulets et porcs), de même que les facilitations dans la circulation du bétail, portent leurs fruits. Il y a des actions concrètes qui concernent à la fois la maîtrise et la gestion durable des pêches de capture, j’en ai parlé plus haut, et la promotion de l’aquaculture, notamment l’élevage du poisson en cage, auprès du secteur privé. Il reste entendu que la productivité de la côte camerounaise en poisson est limitée. Pour réduire le déficit de la production comblée jusqu’ici, par les importations, l’aquaculture est la meilleure option. La réussite de ce volet passe nécessairement par un le secteur privé qui s’investir et saisir les opportunités immenses qu’offrent de l’élevage de poisson.
Malgré sa relative percée, l’aquaculture reste l’affaire de l’élite. Que faire pour vulgariser davantage cette technique pour qu’elle touche les couches sociales, notamment les zones rurales ?
Je ne pense pas qu’elle soit seulement une affaire de l’élite. De nombreux jeunes dans nombre de régions s’y investissent avec beaucoup de réussite. Le gouvernement vulgarise l’aquaculture intensive en y introduisant des techniques nouvelles. Cela a eu pour effet de susciter beaucoup d’engouement à la pratique de cette spécialité. Malheureusement, elle demeure artisanale et à petite échelle, à cause de certaines difficultés majeures, à savoir : l’insuffisance, la cherté et la qualité approximative des intrants (aliments de qualité, alevins et équipements), les ressources humaines peu qualifiées, le circuit de distribution peu efficace, qui rend difficile la commercialisation des produits d’aquaculture. Et cela, à cause d’un faible niveau d’investissement privé dans le secteur de l’aquaculture, qui ne permet pas la production de grandes quantités de poisson et la confine au niveau artisanal.
Quel bilan faites-vous de l’exécution du Plan d’urgence triennal, volte Minepia ?
Il s’est agi, dans le cadre du Plan d’Urgence Triennal pour l’accélération de la croissance économique (Planut) décidé par le Chef de l’Etat, Son Excellence Paul Biya, et concernant le Minepia, du projet d’industrialisation de la filière viande bovine d’un coût total de 10, 250 milliards de Francs CFA. A cet effet, le projet qui a démarré en 2015 pour s’achever en 2018, a consisté en la construction et l’équipement d’un abattoir industriel d’une capacité d’abattage de 250 têtes par jour à Ngaoundéré, pour faciliter la distribution des viandes et sous-produits, la construction de quatre entrepôts frigorifiques : un entrepôt frigorifique de 1400 m 3 à Ngaoundéré ; un entrepôt frigorifique de 6000 m 3 à Yaoundé ;un entrepôt frigorifique de 1400 m 3 à Ebolowa et un entrepôt frigorifique de 3000 m 3 à Kribi. Le projet comprenait également l’acquisition des camions et véhicules frigorifiques pour le transport des viandes à partir des zones de production. La finalité de ce projet du Planut est de promouvoir la compétitivité des filières d’élevage, la transformation des produits carnés pour améliorer la qualité sanitaire de manière à favoriser l’exportation des viandes et sous-produits pour satisfaire les agglomérations de forte consommation. Eventuellement, l’exportation des excédents en zone Cemac et autres pays. L’abattoir industriel et les quatre entrepôts frigorifiques qui ont été rétrocédés à la Société de Développement et d’Exploitation des Productions Animales (Sodepa) l’année dernière, vont permettre d’améliorer la qualité des viandes par le contrôle des abattages et le transport frigorifique, une productivité et la distribution de l’offre en matières de produits carnés et autres produits dérivés, de faciliter le développement des activités industrielles dans le secteur de l’élevage. En rétrocédant ces importants équipements à la Sodepa, j’ai instruit le Directeur général d’impliquer fortement tous les acteurs de la filière et rendre utile ces précieux outils mis à disposition par le Chef de l’Etat, Son Excellence Paul Biya. Dans ce cas aussi, l’abattoir et les entrepôts offrent de nombreuses opportunités à exploiter. C’est encore aux promoteurs privés d’en tirer le plus grand avantage au profit des consommateurs et de l’économie camerounaise.
Propos recueillis par Grégoire DJARMAILA, Cameroon Tribune